Au hasard d’une balade,
dans une rue sans nom d’une banlieue sans gout,
je me trouvais soudain face à quelques silhouettes.
Une série de femmes sveltes, blanches, maquillées, belles
et emmitouflées dans de grands voiles de plastic transparent.
Un jeune gars, échalas nonchalant, m’indiqua que :
« oui, à l’étage, il y en avait plein d’autres ».
Je grimpai quatre à quatre
de méchantes marches en béton,
et arrivais soudain dans un hangar immense
qui grouillait littéralement
d’une présence massive et débridée.
Il y en avait partout, assis debout,
groupes de bébés siamois,
ou silhouettes uniques,
enfants aux pubis tendus en avant,
escadrons de femmes fardées,
portants nickelés offrant au plus offrant
des bras ou des jambes de rechange,
cartons pleins de têtes roulant comme des billes ;
tous m’accusaient par leur fixité immuable
d’être là à mater,
sans pouvoir même les inviter à transgresser l’instant,
à inscrire une histoire.
J’ai photographié, à la hâte, confus de ma présence,
certain que je gênais.
Et je m’enfuis très vite,
et sans faire plus de bruit. |