Zeh’or
semaine du 24 Novembre au 1er Décembre 2002
Il pleut rose sur Toulouse.
Yossef psalmodie le chant des morts de sa voix chevrotante.
Les papillotes battent sur ses tempes où cheminent des veines bleues
sous la peau transparente.
Nous sommes frileusement resserrés autour de la tombe
et de la stèle ouverte en son coeur par l’étoile sur d’autres tombes.
Il est tôt le matin et l’air froid bruisse du vacarme de la ville au loin :
Les bull-dozers qui démolissent les ruines d’AZF,
les voitures sur la nationale.
Yossef a fini de chanter ; il nous serre la main.
Nous ne savons quoi nous dire.
La peine est là, tapie mais calme, trop calme pour susciter des larmes,
trop présente pour parler d’autre chose.
Mon grand-père, un lointain souvenir …
Mon frère, 27 ans déjà, mais une douleur et des questions qui ne passent pas…
Mon père, une année religieuse, un peu moins d’une année civile…
Pas très loin, on s’active pour préparer une fosse :
un mort « tout frais », « tout jeune » ; une douleur qui commence…
Comment ne pas savoir « profiter » quand tout va bien ??? |
